lundi 22 octobre 2012

La tour de Babel, les réseaux sociaux et Felix Baumgartner


L’épisode de la tour de Babel est sans doute l’un des plus énigmatiques des récits bibliques : la Torah n’est pas très prolifique sur les motivations de cette génération à vouloir construire une tour qui toucherait le ciel, et n’en dit pas tellement plus sur les conséquences de son éclatement dans différents pays et langues.

Une relecture plus minutieuse des passages afférents peut nous être utile. « Toute la terre avait une même langue et des paroles semblables » (Gn 11, 1). Puis le verset 4 énonce : « Ils dirent: "Allons, bâtissons-nous une ville, et une tour dont le sommet atteigne le ciel; faisons-nous un nom, pour ne pas nous disperser sur toute la face de la terre. »

Il apparaît que ces hommes utilisaient tous une langue commune, partageaient les mêmes méthodes de communication et n’aspiraient finalement qu’à laisser une trace de leur passage sur cette terre comme pour s’écrier : « Faisons-nous un nom ! ». Construire un édifice visible de loin avec pour voisine l’humanité entière, un genre de « tour facebook », c’était l’assurance d’une célébrité durable auprès de la population planétaire.

Cette notion de célébrité reposant sur le partage de modes de communication est une pratique bien connue de notre société moderne… Les réseaux sociaux et les liens éphémères se tissant au fil de la toile ne résultent en fait rien qu’en la réalisation d’une tour n’assurant pourtant à ses bâtisseurs qu’une célébrité temporaire et vulnérable.

Est-ce bien cette valeur qu’il nous est donné de développer ?
Car si l’époque de la tour de Babel succède à celle du déluge, notre génération se relève à peine de l’une des plus grandes catastrophes que l’humanité n’ait jamais connues.

La dispersion des hommes et des langues, est le signe de D.ieu que s’il y a un édifice grandiose à ériger, ce n’est pas pour que l’homme atteigne le firmament mais bien pour la gloire de D.ieu, car cette tour offre alors à l’homme le moyen de s’élever et d’assurer sa véritable pérennité comme partenaire de cette construction.

Il ne s’agit pas de supprimer et de dissoudre les liens avec les amis virtuels et les followers, mais bien de prendre conscience de la nécessité de préserver le contact humain.

Les hommes de la génération de la tour de Babel n’avaient certainement pas saisi ce message, tel que le délivra le parachutiste autrichien émérite, Felix Baumgartner, avant de sauter cette semaine de 38,9 Km d’altitude : « Quand on se tient là, au sommet du monde, on devient si humble... Parfois, il faut monter très haut pour comprendre à quel point on est petit! »

jeudi 11 octobre 2012

Le processus psychologique de l’évolution


C’est l’histoire d’un homme qui rentre chez son banquier pour récupérer 10.000€ en espèces. Le banquier lui remet la liasse de billets et l’homme se met à les compter, 1, 2, 3 etc. puis il retourne la liasse de l’autre côté et compte de nouveau. La scène se reproduit une troisième fois tandis que les clients derrière s’impatientent.
Le banquier demande au client : Monsieur, le compte n’est pas juste ?
-        - Si cher Monsieur, le compte est juste, mais vraiment juste, juste !

Le Talmud (Souccah 53a) raconte que lors des fêtes de Souccot, les soirées faisaient l’objet d’une grande organisation et des milliers de personnes dansaient et chantaient.
On y rapporte les chants que certains entonnaient : « Heureux l’homme dont la jeunesse ne fait pas honte à ses vieux jours », il s’agit du Tsadik (le juste) qui a eu la chance de l’être depuis son plus jeune âge.
Puis, d’autres chantaient : « Heureux l’homme dont les vieux jours pardonnent les plus jeunes », il s’agit de celui qui a fait Techouva (retour vers la Torah) et dont la jeunesse n’est pas au niveau de son état actuel.
La Talmud poursuit en expliquant que les uns comme les autres disaient : « Heureux l’homme qui n’a pas fauté, et celui qui a fauté qu’il fasse acte de retour et il lui sera pardonné. »

Cette dernière partie soulève toutefois un questionnement : pourquoi le Tsadik avait-il besoin de s’exalter sur celui qui faute ? et pourquoi celui qui fait Techouva citait-il l’homme qui ne faute pas ? Pourquoi y avait-il ce mélange de genres ?

En fait, il faut nous plonger dans l’esprit de l’un et de l’autre afin de répondre à cette interrogation.
Le Tsadik n’est pas un juste cherchant à ne faire que ce qu’il convient comme il se doit, c’est un perfectionniste, en quête perpétuelle d’une perfection qu’il ne peut, par définition, pas atteindre.
A l’instar de l’adage populaire qui dit « humilité fichue vertu, tu dis que tu l’as, tu ne l’as plus », l’on pourrait de même s’exprimer au sujet de la perfection, « tu dis que tu l’as, tu ne l’as plus » !
L’homme parfait cherche donc dans les moindres recoins de sa personnalité les points à améliorer ou à raffiner ; chez lui cesser de se considérer comme un être à parfaire marque la fin de sa progression. Le Tsadik se trouve ainsi dans une constante amélioration, ce qui nous incite donc à affirmer qu’il est continuellement dans un état de Techouva.
Comment peut-il s’épargner la partie de la citation évoquant l’homme qui retourne vers D.ieu alors qu’il s’agit de son aspiration permanente ?

A présent, analysons la psychologie de celui qui fait Techouva.
Le retour est un changement d’état, il y a l’avant et l’après. Comment l’homme qui procède à cette évolution doit-il se considérer ?
Prenons l’exemple d’un individu qui souhaite se défaire d’une addiction, tel un fumeur. S’il se sent comme un ancien fumeur, il créé les conditions pour replonger tôt ou tard. Serge Gainsbourg disait d’ailleurs : « J’arrête de fumer toutes les dix minutes » !
Il est en fait indispensable de se considérer comme un « non-fumeur ». Cette projection dans ce nouvel état opérera sur lui le changement comportemental souhaité et lui permettra de se maintenir dans sa nouvelle condition.

Ce mécanisme de projection est essentiel dès lors qu’une personne désire changer de statut ou de cap, et cela est d’autant plus vrai pour un employé qui devient chef d’entreprise que pour un adulte qui devient parent, ou tout autre exemple dont le quotidien ne manque pas.
Dans le domaine de la santé également, la difficulté que peut avoir un patient à agir en fonction de sa pathologie ou le refus d’acceptation de son état maladif sont nuisibles à la guérison. Ne dit-on pas à ce propos : « qui peut panser sa plaie est à moitié guéri » ?

Se comporter en corrélation avec son nouveau statut ne veut pas uniquement dire d’endosser un rôle ou d’incarner un acteur qui jouerait la comédie, mais c’est véritablement la prise de conscience de la nouvelle étape franchie qui nécessite d’oublier la précédente afin de vivre pleinement selon sa nouvelle condition.

Voilà la raison pour laquelle celui qui a fait Techouva chantera « heureux l’homme qui n’a pas fauté » car il est indispensable pour lui de s’organiser et de se programmer telle une personne nouvelle, un être transformé et revigoré.

En d’autres termes, afin de s’assurer que le Tsadik reste un juste, il doit se maintenir comme dans un processus continu de Techouva ; en revanche, afin que celui se trouve sur la voie du retour puisse renforcer et consolider son changement, il doit se projeter dans l’état du Tsadik.

Le Talmud nous offre une magnifique démonstration d’accompagnement au changement que chacun est invité à opérer dans sa propre vie.

vendredi 15 juin 2012

Impuissance rabbinique ?

L’épisode chaotique des explorateurs dont notre portion hebdomadaire de la Torah fait le récit nous laisse perplexe en raison d’une interrogation majeure, qui est la suivante :
Moïse choisit des hommes sages, avertis, des leaders, des chefs de tribus, pour faire un rapport sur les habitants de Canaan, dans l’objectif de conquérir la future terre d’Israël.
Ces éminentes personnalités se mettent en route avec précaution. La Torah nous confirme d’ailleurs la piété de ces hommes en indiquant qu’ils sont instruits, religieux et fidèles à leur conviction, en un mot, casher !

La suite de l’histoire connaît néanmoins une fin bien triste, puisque ces explorateurs reviennent de leur périple avec la phrase la plus diffamatoire contre l’Éternel : « Ils sont plus forts que Lui ». Même le Tout-Puissant est faible devant la force de ces peuples, il est impossible de gagner une guerre contre eux !

Voilà qui ne manque pas de nous interpeller quant à la nature humaine : est-il possible d’être une personne exemplaire au point d’être le digne représentant du peuple – l’élu des élus – et de basculer dans les pires travers de la perversité intellectuelle ?

En fait, la Torah oriente notre compréhension lorsque les conditions initiales de la mission sont posées : il s’agit pour les explorateurs de visiter le pays d’Israël, tel que l’indique le terme utilisé en hébreu « Latour ». Il leur fallait rendre compte de la situation sur place, mais sans faire de déductions ni de recommandations quant à la stratégie d’attaque ou les chances de réussite de conquête de la terre. Ils devaient simplement décrire ce qu’ils avaient vu, faire un reportage « touristique » et se cantonner à cette mission.

Or, l’erreur fatale de ce groupe d’hommes a été de donner un avis personnel et de tirer des conclusions en terme de faisabilité du projet. Dès lors que la mission dévie de sa nature, même les plus grands peuvent tomber… L’homme fidèle et honorable d’hier est devenu en l’espace d’une réflexion interdite le porteur des blasphèmes et de la tragédie.

La Kabbale rapporte que la Terre d’Israël est le symbole de la volonté, du dynamisme de chaque individu. (Terre se dit en hébreu « Erets », qui est la racine du mot « Ratsone », la volonté).
Conquérir la volonté d’Israël signifie s’ouvrir vers l’autre afin de lui faire découvrir la profondeur de son âme et de son rôle. Et finalement, cela se révèle être la mission donnée à chaque leader, rabbin ou cadre communautaire. Nous avons le devoir de donner envie, donner envie de penser le judaïsme, donner envie de pratiquer le judaïsme ou, tout simplement, donner envie d’être fier de son identité juive.

Lorsque nous nous engageons dans cette mission de la plus haute importance, la Torah témoigne de notre intégrité et de notre capacité à remplir notre engagement.
Malheureusement, dans une situation dite quelquefois « perdue », il se peut que nous soyons tentés de déclarer forfait avec fatalité, en pensant insidieusement « Il est plus fort qu’elle ». Oui, l’homme que je cherche à convaincre est plus fort que la Torah, jamais il ne reconnaitra sa vérité ni sa grandeur, jamais il ne changera sa vie, jamais il ne voudra venir à la synagogue, etc. Ou dans une autre mesure, jamais cette communauté ne sera capable de bouger, cette terre n’est pas prenable ! Constat fatal d’une impuissance rabbinique.

Pour beaucoup, l’inférence de ce constat peut être un signe de lucidité, mais - hormis le fait que cela dépasse notre mission et notre mandat - c’est précisément ce que la Torah condamne, parce que déclarer notre désespoir, c’est en réalité invoquer une faiblesse divine. De même qu’une impossibilité divine est un oxymore, pareillement, l’impuissance rabbinique est une illusion, car nos Sages témoignent qu’« une parole sortant du cœur pénètre dans le cœur ». Somme toute, un hymne à la sincérité !

jeudi 10 mai 2012

L’après élections


Parlons franchement.
Une partie de la communauté juive est inquiète. La France a un nouveau Président, il va certainement former un gouvernement avec les verts et l’extrême gauche.
Grâce à eux, l’antisionisme n’est plus un tabou, c’est même une vertu. Les frontières du mal sont repoussées dans une confusion de bons sentiments et d’admiration pour la résistance.

Il est logique pour ceux qui appellent au soulèvement du prolétariat révolutionnaire de sacraliser une révolte d’un soi-disant peuple sans terre. Et si la vie des véritables pionniers et ouvriers de la terre doit être ruiné, ce ne sera que le prix à payer pour avoir choisi un camp plutôt que l’autre, sans tenir compte des paramètres de justice et de vérité. Que ceux qui cultivent des terres arides pour en faire des paradis botaniques se tiennent bien !
Jean-Luc Mélenchon, l’homme scandalisé par le racket des riches dans les portefeuilles des pauvres, n’est autre que l’expression d’une violence verbale incontrôlable et dont la vulgarité sans humour n’a rien à envier à celui qui remplit le stade de France.

Evidemment, je ne vais pas faire le procès des uns et des autres, chacun sa conscience ! Mais les nombreux messages tel que « La Aliya c’est maintenant ! » disant au fond que les juifs n’ont plus rien à faire en France et que le temps de la quitter ne va pas tarder, sont de nature à être à la fois excessifs mais réalistes.

Oui, si l’antisionisme des politiques, avec une complicité malsaine des médias, se poursuit, les juifs seront les boucs émissaires d’une condamnation injuste.
Oui, se conforter derrière la bannière républicaine offrant une confiance aveugle aux valeurs que nous aimons tant, est un risque certain.
Oui, laisser se propager dans les couches de notre société le sentiment que le seul conflit dans le monde qui provoque l’instabilité de la planète est celui causé par les juifs, est un mensonge dont le plus grand calomniateur ne peut que se réjouir.

Alerter, prévenir, sensibiliser, réveiller les consciences sur les dangers de l’antisionisme est fondamental. Parce que nous savons tous que derrière l’antisionisme ne se cache même plus l’antisémite, il s’exprime !

Je ne connais aucun pays au monde qui est accusé par la classe politique en affichant ouvertement une position « anti » en dehors de la terre d’Israël. C’est choquant ! Même les Américains ne connaissent pas cette vague d’anti-américanisme depuis longtemps.

C’est bien la preuve qu’Israël dérange. Il dérange au point de devenir un point fixe et central des préoccupations sur cette planète. Rassurez-vous, ce n’est pas pour la beauté de nos palmiers ou la propreté de nos plages, mais bien pour le nom que nous portons « Israël ».

D’autre part, soyons lucides, malgré les messages alarmistes et catastrophiques, nous devons nous montrer unis et forts. Appeler à quitter la France, c’est le signe d’une faiblesse qu’il nous faut à tout prix refuser. Et que faire de ceux qui ne pourront pas quitter ? Que dire à ceux qui n’ont aucune famille en Israël ? A ceux trop âgés pour quitter repères et amis ? Qu’adviendra-t-il des communautés affaiblies qui vont rester ?

Attention aux messages alarmistes qui n’ont pour effet que de renforcer le sentiment d’inconfort et de précarité de notre condition.
La communauté juive de France compte la plus grande communauté juive d’Europe, elle doit se renforcer et ses structures opérer en toute légitimité. Les différentes organisations et mouvements doivent agir en complémentarité et en singularité, mais dans un esprit d’unité et de proximité.

Les hommes et les femmes qui composent notre diversité d’opinion doivent s’unir autour du socle commun des valeurs que nous partageons, appeler ensemble au réveil des consciences contre la banalisation des violations de ces valeurs. Les querelles des mouvements, tout comme celles des hommes, ne sont pas stériles, elles accouchent d’une division et d’un affaiblissement qui nous rendent vulnérables.

Faisons face à la page d’histoire qui s’ouvre devant nous avec courage, dignité et conviction.
L’unité c’est maintenant !

lundi 26 mars 2012

INTERVENTION LORS DU RASSEMBLEMENT DEVANT LE PARVIS DE LA SYNAGOGUE DE LA PAIX A LA MEMOIRE DES VICTIMES DE TOULOUSE ET DE MONTAUBAN DU GRAND RABBIN RENE GUTMAN

(EXTRAITS)

Reconnaissons-le: Ces meurtres se sont révélés tellement exorbitants par leur cruauté et leur incroyable sadisme, qu'il nous a fallu du temps pour en prendre pleinement conscience, tant notre émotion fut presque annihilée par la stupeur qu'ils ont provoqué en nous.

Comment, en effet, aurions-nous pu imaginer revivre ces images, qu'on croyait n'avoir vu que dans les archives de Yad Vachem: un SS tirant à bout portant sur une mère tenant son enfant dans ses bras, un soldat de la Wermacht pointant de son fusil un enfant du ghetto les mains en l'air, un soldat exécutant un otage sans sommation; Comment aurions-nous pu imaginer que ces images-là, se réincarneraient, aujourd’hui, et sur cette Terre de France?

Que pouvez-vous dire, quand on vous décrit comment cet assassin, ayant visé la petite Myriam de 7 ans, et après avoir grièvement blessé un jeune lycéen qui s'était interposé entre lui et s a victime, l'a retenu par les cheveux, cet enfant qui, tel un oiseau blessé qui  ne peut s'envoler, fut abbatu de sang froid par celui qui vient de lui tirer une balle dans sa tempe!

Son âme sera désormais une petite soeur pour ces ombres si belles d'enfants arrachés à la vie dans leur sommeil, il y a un an, presque jour pour jour dans la localité d'Itamar: Yoav 11 ans, El-ad 4 ans et Hadass 3 mois, et leurs parents Ûdi et Ruthy Fogel.

Pour les ennemis d'Israël, qui sont aussi les ennemis de la France, avec un juif, on peut tout se permettre. Parce qu'un juif n'a pas le droit d'être! Et que là où il vit, et jusqu'à un certain point dans l’État d’Israël, c'est son existence même, qui lui est refusée! Et que la faute de la petite Myriam comme de ses camarades, Gabriel 6 ans et Arieh 3 ans et leur père, Jonathan Sandler, c'était, précisément, d'exister!

(...) Ces crimes contre - nature, ces crimes immotivés, ces crimes exorbitants, ne sont pas ceux d'un simple fanatique, ni seulement d'un fondamentaliste, qui aurait justifié les morts d'enfants juifs, par le sort des enfants palestiniens, ou l’exécution sommaire de nos trois militaires, Imad, Abel et Mohamed, par l'engagement de l'Armée française en Afghanistan! Ce sont les crimes d'un monstre, parce qu'à travers la mort de nos soldats et de nos enfants, c'est l'essence de l'homme, l'humanité qui était en eux , mais qu'il avait déjà perdu, qu'il tentait de nier.

Qu'il ait agi ainsi en invoquant son Dieu, un Dieu qui, lorsque l'on tue en son nom, doit pâlir de honte, est une grave question que nos religions ne peuvent ajourner, ni persister à croire qu'elles peuvent se contenter d'en dénoncer les auteurs, comme des brebis galeuses.

En s'attaquant, à la fois à des enfants, et à des militaires, l'assassin a, à la fois blessé la jeunesse de la France et son avenir, et à la fois sa protection et sa présence au monde. Cette France, qu'il voulait mettre à genoux, et dont il voulait briser ce qu'elle porte en elle d’espérance!

Nous saluons, ici ,les forces du RAID qui, au péril de leur vie, l'ont neutralisé, car même si sa mort ne permettra pas de répondre à toutes les interrogations encore en suspens, le deuil se poursuit, avec le soulagement que ce meurtrier est hors d'état de nuire .

Mais, au regard des éléments disponibles à cette heure, nous souhaitons, que ces évènements horribles éclairent les consciences de ceux qui, sous l'influence de discours pervers, terroristes ou racistes, pourraient être tentés par des actes qui nient Dieu et l'humain.

Nous invitons, également, les Politiques, et les Média, à toujours exprimer leurs opinions avec mesure, dignité et responsabilité, et, plus largement, chacun de nos concitoyens à faire reculer la haine, en repoussant les amalgames mensongers sur nos concitoyens musulmans, et en refusant la diabolisation d’Israël.

Enfin, l'appréciation du degré de culpabilité de cette bête sauvage, capable de tuer à bout portant un enfant, cette appréciation sur le degré ou non d e sa folie, de sa délinquance, de son associalité, de sa frustration, de sa dépendance....ne sera pas, pour nous un sujet d e débat ou d e controverse!(....)

Tous les crimes d'enfants juifs, parce qu'ils sont enfants juifs, musulmans, parce que musulmans, chrétiens, parce que chrétiens, soldats par ce que soldats, ne doivent pas être un sujet d e débat, et la seule idée de voir se confronter sur cet individu, le Pour et le Contre, aurait, ici, quelle chose de  honteux, de dérisoire et, finalement, une grave inconvenance à l'égard des victimes.

Le monde, disent nos Sages , ne tient que par le souffle des enfants qui étudient la torah. Or cela a toujours été ainsi dans notre Histoire: depuis le Pharaon d’Égypte et Nabuchodonosor jusqu'à Hitler, tous les ennemis d'Israël virent, dans nos nos enfants, leur cible première à éliminer. Comme si ils avaient compris leurs rôles dans notre mémoire collective, aussi bien que dans notre survie, dans le quotidien. Ils resteront, toujours,  au centre de notre quête et de nos rêves, par ce que, pour nous, les enfants incarnent: notre espoir et notre fierté, notre foi et notre attachement à ce qui est sacré et transcendant dans notre éternelle démarche en tant que communauté.
Une communauté qui par ma voix vous remercie pour votre présence et pour les messages de compassion et de solidarité qu'à tous les échelons de la vie civile militaire et  religieuse de la Ville comme de la Région nous avons été les destinataires.

Vous tous qui par votre présence aussi , sans oublier de remercier les services de la Préfecture et les forces d e l'ordre pour la protection toujours assurée, avec le SPCJ, de nos lieux d e culte et nos écoles , nous encouragez à ne pas fermer nos écoles, mais, au contraire, à renforcer notre désir inaltérable et notre engagement perenne dans l'étude. De même, à continuer le dialogue inter religieux dont la Ville d e Strasbourg se veut l'exemple,dans un respect et une reconnaissance mutuels

Il nous faut, en rappelant la mémoire de ces soldats et de ces enfants qui, sans même se voir ni  se connaître, ont partagé le même sort, clamer à nouveau les valeurs  que le peuple juif, peuple épris d e bonheur comme tous les peuples de la terre , mais peuple exposé, même en temps d e paix, au propos et à l'acte antisémite, a donné au monde , valeurs qui se resument au fronteau de cette synagogue par ce verset de la Bible: " Ni par le glaive, ni par la force mais par mon Esprit a dit l’Éternel !

mercredi 7 mars 2012

Le casher et l’argent !

Suite au post expliquant lesdangers de l’étiquetage de la viande casher, j’ai reçu bon nombre de messages rouspétant que ce n’est pas à la filière classique de payer pour les convictions des juifs.
Je partage également cet avis, sauf que la réalité n’est pas ainsi. En voici l’explication :

La loi juive proscrit la consommation du nerf sciatique ; traditionnellement les communautés juives d’Europe ont pris l’habitude depuis plusieurs siècles de ne pas manger les parties basses de la bête. Chacun le sait, les meilleurs morceaux se trouvent à l’arrière et non pas à l’avant. Par conséquent, quand une bête est abattue dans la norme casher, les parties hautes se retrouvent sur l’étalage d’une boucherie casher et que fait-on des parties basses ?

La règle économique de l’offre et de la demande s’applique ici comme ailleurs, l’acheteur profite du fait que les juifs ne peuvent rien faire de cette partie pour négocier au plus bas le prix de la viande. Qui est gagnant au final ? L’acheteur de la filière classique qui aura pour un moindre coût les bonnes parties de viande.

Certes, la communauté juive gagne également, car si elle devait jeter aux poubelles cette quantité de viande, le coût financier serait insupportable. Pour autant, la filière classique est-elle la poubelle du casher ? Au contraire, elle profite à plein de ce système, elle achète les meilleurs morceaux au meilleur prix !

D’ailleurs les grands distributeurs de viande sont opposés à l’étiquetage pour cette même raison.

Quant à savoir si le consommateur a le droit de savoir ce qu’il a dans son assiette, je le dis honnêtement : oui ! C’est un droit et vous devez savoir ce que vous mangez ! Sauf que, malheureusement, pour vraiment savoir ce que vous avez dans votre assiette, il ne suffit pas de vous raconter les 3 dernières minutes de vie de l’animal. Ceci est extrêmement stigmatisant, en voici les raisons :

1.     Saviez-vous que dans 17% des cas, l’étourdissement est raté et il faut s’y prendre à deux ou trois fois pour que la bête perde connaissance, je vous épargne la description des souffrances inouïes... Mais ça Brigitte Bardot ne vous le dit pas, demandez-lui pourquoi ?
2.     Avez-vous connaissance de la santé de l’animal avant qu’il ait été tué ? Lorsque vous mangez casher, vous avez la garantie que la bête était en bonne santé, car sinon la loi juive interdit absolument de la tuer.
3.     Dans quel état était le cœur de la bête, son cerveau, ses poumons ou sa rate ? Vous ne le savez pas… Et pourquoi est-ce que cela ne vous concernerait pas ? Pourtant, l’influence sur votre santé est bien plus grande que la question de l’abattage. J’ajoute que la filière casher n’a pas connu les problèmes de la vache folle, pour les raisons invoquées.
4.     Connaissez-vous l’influence et les risques liés à la consommation de sang animal en grande quantité sur votre santé à long terme ? Or un (voire plusieurs) étourdissement crispe les muscles et ne permet pas de vider le sang de la bête. C’est également l’une des raisons pour laquelle l’étourdissement est interdit dans le Judaïsme, car nous n’avons pas le droit de consommer le sang.

Brigitte Bardot est-elle l’amie qui vous veut du mal ?

Voilà des questions de santé publique importantes et qui vous concernent directement, mais vous préférez focaliser votre attention sur la seule chose qui n’a aucun impact sur vous, mais sur une supposée souffrance de l’animal qui fait débat scientifiquement.

Quant à la question du financement du culte par l’abattage rituel, c’est un mensonge grossier, car la taxe casher est payée par le client juif en bout de chaîne de distribution, c’est à dire dans la boucherie casher exclusivement, le reste n’est que fantasme et manipulation.

Cessez de vous faire manipuler par des gens qui ne réfléchissent qu’à travers la stigmatisation de l’autre et la peur de la différence.
Le vivre ensemble en est l’enjeu !

dimanche 4 mars 2012

L’abattage rituel en danger ? Sarkozy dans les pas de Marine Le Pen ?


Il semble être des périodes où rien ne va dans le bon sens. Marine Le Pen a ouvert la voie en s’attaquant à l’abattage rituel il y a trois semaines ; nous sommes en campagne électorale et il faut bien faire un peu de populisme…

Mais hier, le coup est tombé d’une source qui a surpris la plupart des observateurs de la vie politique, et prenons les paris que cela a même confondu les membres de sa propre famille politique : il s’agit du Président candidat Nicolas Sarkozy. Ce dernier a annoncé hier lors d’un meeting à Bordeaux qu’il souhaitait mettre en place « l’étiquetage de la viande en fonction de la méthode d’abattage ».

Sans vouloir analyser ce revirement d’un point de vue politique, il est important de comprendre l’impact d’une telle mesure sur les consommateurs de viande Casher.

En quoi consiste cet étiquetage ? Il s’agit de préciser sur l’emballage de la viande que les clients achètent dans un circuit classique (boucherie, supermarché, etc.) si l’abattage de la bête a été fait avec un étourdissement préalable ou non. Comme chacun le sait, l’abattage Casher est exécuté sans étourdissement.

Sans rentrer dans le débat scientifique, d’après la loi juive, ce type d’abattage protège au mieux l’animal, diminue sa souffrance et la viande est plus saine pour le consommateur. Néanmoins, nous savons que la tendance actuelle ne va pas dans cette direction et Brigitte Bardot n’y est pas pour rien dans la campagne de diabolisation de l’abattage rituel. (lire aussi cet article sur Brigitte Bardot et sa fondation)

La conséquence en terme pratique d’une telle mesure sera l’augmentation considérable du prix de la viande et donc sa mise en danger. Pourquoi ?
Car aujourd’hui, pour produire un kilo de viande Casher en bout de chaine, il faut tuer rituellement au moins le double de bêtes. Une grande partie de l’animal n’étant pas apte à être consommée dans le circuit Casher pour des raisons religieuses (presque tout l’arrière de la bête), ces kilos sont donc revendus dans le réseau classique de la grande distribution, au prix du marché, voire un peu moins.

Quel serait le prix d’un kilo de viande Casher d’une bête dont on n’aura pas vendu à des non-juifs les parties impropres religieusement ? Le double… Certainement !

Imaginez donc l’étiquetage obligatoire : combien de consommateurs seraient prêts à acheter de la viande tuée selon la méthode Casher ? Pas beaucoup ! Mécaniquement, les prix du Casher risqueraient de s’envoler.
Voilà pourquoi cette mesure est très grave financièrement pour la communauté juive.
(Pour comprendre la question financière de la chose, lisez ce post)

Que peut-on faire ? Voilà la question que nous devons nous poser.
Il semble que le vent ne va pas changer de direction, car même si le Président revient sur cette question la semaine prochaine, la pression des lobbys en France et en Europe va imposer tôt ou tard un étiquetage sur l’abattage rituel. Ce n’est qu’une question de temps !

Jusqu’à présent, les communautés juives de France et d’Europe ont eu une position défensive, en soutenant que la méthode de la Che’hita était un procédé traditionnel et qu’elle n’était pas « moins bien » que l’abattage précédé d’un étourdissement. Mais de cette façon, nous ne faisons que repousser temporairement les attaques contre nous.

Il est temps de changer stratégiquement et de passer à l’offensive !
Il faut créer un comité national et européen ad hoc composé de professionnels et d’experts en marketing, en communication, en habitudes de consommation, des vétérinaires, des agriculteurs, des politiques, des philosophes, etc. L’objectif de cette commission serait de démontrer que les techniques employées pour l’abattage selon les règles du judaïsme sont bien meilleures du point de vue de la souffrance animale, de la morale, de la santé, et encore à bien d’autres niveaux, que l’abattage avec étourdissement préalable.

À terme, nous devrions créer un label de qualité Casher pour la viande vendue dans les supermarchés et autres boucheries classiques, afin que cette méthode soit valorisée et recherchée par le consommateur, car elle est la garantie du plus grand respect de l’animal.

En parallèle, je propose que l’offensive se poursuive également sur le terrain juridique, car il y a à ce jour des pays en Europe où l’abattage rituel est interdit. Il faut savoir que l’abattage rituel est un droit garanti par la Convention européenne des droits de l’homme dans son article 9. Cette offensive doit être menée à la Cour européenne des droits de l’homme et la probable condamnation de ces pays sera le meilleur moyen de démontrer le bien-fondé juridique de pouvoir pratiquer librement notre religion.

Nous n’avons pas à rougir de nos valeurs, de nos convictions et de la façon dont le judaïsme a toujours protégé les animaux. Il nous faut expliquer avec pédagogie la légitimité de nos rites et ainsi les valoriser auprès de nos coreligionnaires et du reste du monde.

Soyons fiers de ce que nous sommes, c’est aussi comme cela que Morde’haï a sauvé le peuple juif contre les attaques d’Haman !