lundi 26 mars 2012

INTERVENTION LORS DU RASSEMBLEMENT DEVANT LE PARVIS DE LA SYNAGOGUE DE LA PAIX A LA MEMOIRE DES VICTIMES DE TOULOUSE ET DE MONTAUBAN DU GRAND RABBIN RENE GUTMAN

(EXTRAITS)

Reconnaissons-le: Ces meurtres se sont révélés tellement exorbitants par leur cruauté et leur incroyable sadisme, qu'il nous a fallu du temps pour en prendre pleinement conscience, tant notre émotion fut presque annihilée par la stupeur qu'ils ont provoqué en nous.

Comment, en effet, aurions-nous pu imaginer revivre ces images, qu'on croyait n'avoir vu que dans les archives de Yad Vachem: un SS tirant à bout portant sur une mère tenant son enfant dans ses bras, un soldat de la Wermacht pointant de son fusil un enfant du ghetto les mains en l'air, un soldat exécutant un otage sans sommation; Comment aurions-nous pu imaginer que ces images-là, se réincarneraient, aujourd’hui, et sur cette Terre de France?

Que pouvez-vous dire, quand on vous décrit comment cet assassin, ayant visé la petite Myriam de 7 ans, et après avoir grièvement blessé un jeune lycéen qui s'était interposé entre lui et s a victime, l'a retenu par les cheveux, cet enfant qui, tel un oiseau blessé qui  ne peut s'envoler, fut abbatu de sang froid par celui qui vient de lui tirer une balle dans sa tempe!

Son âme sera désormais une petite soeur pour ces ombres si belles d'enfants arrachés à la vie dans leur sommeil, il y a un an, presque jour pour jour dans la localité d'Itamar: Yoav 11 ans, El-ad 4 ans et Hadass 3 mois, et leurs parents Ûdi et Ruthy Fogel.

Pour les ennemis d'Israël, qui sont aussi les ennemis de la France, avec un juif, on peut tout se permettre. Parce qu'un juif n'a pas le droit d'être! Et que là où il vit, et jusqu'à un certain point dans l’État d’Israël, c'est son existence même, qui lui est refusée! Et que la faute de la petite Myriam comme de ses camarades, Gabriel 6 ans et Arieh 3 ans et leur père, Jonathan Sandler, c'était, précisément, d'exister!

(...) Ces crimes contre - nature, ces crimes immotivés, ces crimes exorbitants, ne sont pas ceux d'un simple fanatique, ni seulement d'un fondamentaliste, qui aurait justifié les morts d'enfants juifs, par le sort des enfants palestiniens, ou l’exécution sommaire de nos trois militaires, Imad, Abel et Mohamed, par l'engagement de l'Armée française en Afghanistan! Ce sont les crimes d'un monstre, parce qu'à travers la mort de nos soldats et de nos enfants, c'est l'essence de l'homme, l'humanité qui était en eux , mais qu'il avait déjà perdu, qu'il tentait de nier.

Qu'il ait agi ainsi en invoquant son Dieu, un Dieu qui, lorsque l'on tue en son nom, doit pâlir de honte, est une grave question que nos religions ne peuvent ajourner, ni persister à croire qu'elles peuvent se contenter d'en dénoncer les auteurs, comme des brebis galeuses.

En s'attaquant, à la fois à des enfants, et à des militaires, l'assassin a, à la fois blessé la jeunesse de la France et son avenir, et à la fois sa protection et sa présence au monde. Cette France, qu'il voulait mettre à genoux, et dont il voulait briser ce qu'elle porte en elle d’espérance!

Nous saluons, ici ,les forces du RAID qui, au péril de leur vie, l'ont neutralisé, car même si sa mort ne permettra pas de répondre à toutes les interrogations encore en suspens, le deuil se poursuit, avec le soulagement que ce meurtrier est hors d'état de nuire .

Mais, au regard des éléments disponibles à cette heure, nous souhaitons, que ces évènements horribles éclairent les consciences de ceux qui, sous l'influence de discours pervers, terroristes ou racistes, pourraient être tentés par des actes qui nient Dieu et l'humain.

Nous invitons, également, les Politiques, et les Média, à toujours exprimer leurs opinions avec mesure, dignité et responsabilité, et, plus largement, chacun de nos concitoyens à faire reculer la haine, en repoussant les amalgames mensongers sur nos concitoyens musulmans, et en refusant la diabolisation d’Israël.

Enfin, l'appréciation du degré de culpabilité de cette bête sauvage, capable de tuer à bout portant un enfant, cette appréciation sur le degré ou non d e sa folie, de sa délinquance, de son associalité, de sa frustration, de sa dépendance....ne sera pas, pour nous un sujet d e débat ou d e controverse!(....)

Tous les crimes d'enfants juifs, parce qu'ils sont enfants juifs, musulmans, parce que musulmans, chrétiens, parce que chrétiens, soldats par ce que soldats, ne doivent pas être un sujet d e débat, et la seule idée de voir se confronter sur cet individu, le Pour et le Contre, aurait, ici, quelle chose de  honteux, de dérisoire et, finalement, une grave inconvenance à l'égard des victimes.

Le monde, disent nos Sages , ne tient que par le souffle des enfants qui étudient la torah. Or cela a toujours été ainsi dans notre Histoire: depuis le Pharaon d’Égypte et Nabuchodonosor jusqu'à Hitler, tous les ennemis d'Israël virent, dans nos nos enfants, leur cible première à éliminer. Comme si ils avaient compris leurs rôles dans notre mémoire collective, aussi bien que dans notre survie, dans le quotidien. Ils resteront, toujours,  au centre de notre quête et de nos rêves, par ce que, pour nous, les enfants incarnent: notre espoir et notre fierté, notre foi et notre attachement à ce qui est sacré et transcendant dans notre éternelle démarche en tant que communauté.
Une communauté qui par ma voix vous remercie pour votre présence et pour les messages de compassion et de solidarité qu'à tous les échelons de la vie civile militaire et  religieuse de la Ville comme de la Région nous avons été les destinataires.

Vous tous qui par votre présence aussi , sans oublier de remercier les services de la Préfecture et les forces d e l'ordre pour la protection toujours assurée, avec le SPCJ, de nos lieux d e culte et nos écoles , nous encouragez à ne pas fermer nos écoles, mais, au contraire, à renforcer notre désir inaltérable et notre engagement perenne dans l'étude. De même, à continuer le dialogue inter religieux dont la Ville d e Strasbourg se veut l'exemple,dans un respect et une reconnaissance mutuels

Il nous faut, en rappelant la mémoire de ces soldats et de ces enfants qui, sans même se voir ni  se connaître, ont partagé le même sort, clamer à nouveau les valeurs  que le peuple juif, peuple épris d e bonheur comme tous les peuples de la terre , mais peuple exposé, même en temps d e paix, au propos et à l'acte antisémite, a donné au monde , valeurs qui se resument au fronteau de cette synagogue par ce verset de la Bible: " Ni par le glaive, ni par la force mais par mon Esprit a dit l’Éternel !