jeudi 20 février 2014

Qu'est-ce une communauté ?

« Vayakel Moché Et Kol Adat Israël
Et Moïse rassembla toute la Communauté des enfants d’Israël
» (Exode 35, 1)

C’est par cette phrase que s’ouvre notre Paracha.
Ce verset semble, à première vue, assez banal, puisque Moïse souhaite enseigner les règles de la construction du Tabernacle, il a besoin de parler au peuple et de le rassembler autour de lui.
Mais l’examen des termes utilisés dans ce verset pour désigner la Communauté d’Israël nous révèle un message profond, puisque la Torah utilise deux expressions différentes : Vayakel qui provient du mot « Kahal » et Adat dont la racine est « Eda ».

Quelle est la différence entre un Kahal et une Eda ?

Une Eda désigne une audience, un groupe de personnes qui se réunit dans un lieu précis, dans un contexte précis et dans un but précis. Les participants partagent temporairement un objectif sans ressentir le besoin de se connaitre mutuellement, c’est uniquement la passion du théâtre ou d’une confrontation sportive qui les réunit le temps d’un loisir.
Dans ces circonstances, on suppose qu’une trop grande proximité avec un voisin ou une invitation insistante n’est pas souhaitée, cela peut même faire l’objet d’une suspicion.


Un Kahal, en revanche, n’est pas un groupe de spectateurs, c’est un groupe de personnes qui crée une fraternité et un intérêt l’un pour l’autre. C’est un collectif dont chaque individu est membre d’une dynamique commune partageant, non seulement, une passion, mais aussi une destinée. Les membres d’un Kahal cherchent à se retrouver, à vivre des moments ensemble, à vibrer ensemble et à construire ensemble.

Le verset veut nous préciser que la priorité de Moïse - avant d’instruire la construction du Tabernacle dans le désert - était de transformer une Eda en un Kahal, transformer une audience passive en une Communauté solidaire, car il savait en tant que leader d’un peuple nouvellement constitué, que la condition préalable à toute construction commune, c’est de métamorphoser une audience d’anonymes en un collectif personnalisé et attentif l’un pour l’autre.

Cette mission, Moïse la transmet à chaque membre du Kahal en l’invitant à s’impliquer davantage pour renforcer la solidarité et l’entraide entre nous, sans distinction aucune. Cette cohésion n’est pas optionnelle, elle conditionne notre constitution.