samedi 14 mai 2011

Le fond et la forme


Pirké Avot : chapitre 3 Michna 12.

Rabbi Yishmael dit : « Sois docile à l’égard d’un supérieur, affable à l’égard du jeune âge et accueille toute personne d’un visage réjoui. »
L’enseignement de Rabbi Yishmael nous invite à ne pas adapter notre bienveillance à l’égard de l’autre en fonction de sa grandeur ou de son statut social. Il semble logique que se rendre disponible et obéissant envers un supérieur hiérarchique ne constitue pas une qualité de cœur digne d’être remarquée, alors que si cette qualité se témoigne envers un jeune ou un subordonné, elle devient le signe d’une élégance certaine.
Puis en concluant de devoir accueillir chacun avec un visage réjoui, il ne fait pas seulement nous éveiller à un devoir, mais aussi à motiver ses directives. Il s’agit ici pour Rabbi Yishmael de nous dire qu’il n’est pas possible à l’homme de distinguer le véritable supérieur ou attester d’une réelle jeunesse.

Qui est le jeune ? Celui dont la chevelure n’a pas encore blanchi ? Mais il se peut qu’il soit plein de sagesse et de maturité. Qui est le supérieur ? Celui qui a l’autorité ? Et si cette autorité n’était que la conséquence d’une attitude autoritaire et violente, serait-elle digne de respect ?
Voir au-delà de l’aspect extérieur du statut social ou de la maturité nous conduit forcement à considérer chacun comme un être unique, important et méritant l’estime.

Il n’est pas anodin que Rabbi Yishmael soit à l’origine de ces conseils en nous demandant de ne jamais s’arrêter à l’image ou à la forme, mais regarder le fond et le bien en chacun.
Dans sa jeunesse il était prisonnier à Rome et c’est Rabbi Yehochou ben Hanania qui a vu en lui le potentiel d’un grand sage, dont il paya la rançon pour le libérer.
Durant sa vie il ne se fiait jamais à l’aspect extérieur des gens, le Talmud (Nédarim 9b) raconte qu’un homme jura de ne jamais épouser sa nièce, car elle était laide ; Rabbi Yishmael ordonna de l’accueillir chez lui, de la nourrir et de l’embellir, puis il la présenta à nouveau au récalcitrant en lui demandant : « Est-ce bien celle-là que tu juras de ne jamais épouser ? » Surpris par la présente beauté de cette fille, Rabbi Yishmael lui enleva son vœu et l’homme l’épousa. Rabbi Yishmael déclara alors : « Qu’elles sont belles les filles d’Israël, hélas, la pauvreté les enlaidit ».
N’est-ce pas lui qui enseigna : « Si le mauvais penchant veut s’emparer de toi, prends le au Beth Hamidrach (maison d'étude) car s’il est dur comme la pierre il va fondre et s’il est rigide comme le fer, il explosera ».

Ainsi, son enseignement est à l’image de sa vie. A nous de nous en inspirer !