L’actualité « ultrareligieuse » israélienne
n’offre pas un spectacle enviable, j’ai toujours un dégout profond pour toutes
formes de violence qu’elle soit religieuse ou pas. Mais quand elle est
religieuse, elle éclabousse sur les autres, même ceux qui ne partagent pas leurs
opinions.
Afin de faire taire les amalgames et de démontrer que
religieux ne rime pas toujours avec intolérance et fanatisme, la condamnation
de ces actes va de soi, mais peut-on se contenter de dire que ce n’est pas
bien ?
Sans prétendre être un expert de la situation israélienne,
sans connaître l’histoire des clans qui anime l’actualité, sans analyser les
motivations qui poussent les médias à ne parler que des extrêmes ou des
extrémistes, alors que la société israélienne dans son ensemble est
intelligente et sait vivre harmonieusement avec sa diversité de
conviction ; le constat est pourtant affligeant : la violence d’une
infime partie des religieux est une réalité.
Le diable dira qu’il n’y a pas d’autres moyens de réagir,
que les valeurs sacrées sont violées, que l’éducation de nos enfants est en
danger, que sur la Terre Sainte, la loi de la Torah doit primer ; certes,
d’ici il m’est impossible de peser la pertinence de ces arguments. En revanche,
ce qui ne fait pas de doute, c’est que la Torah que nous aimons tant, ne se
grandit pas de ce genre d’actualité.
Pourtant il y a un autre moyen… la Torah n’est-elle pas un
chemin agréable et ses voies gages de paix ? Comment auraient réagi les
grands leaders des générations précédentes, ceux qui ont exprimé une affection
et un amour profonds pour chaque membre du peuple juif ?
Un site internet a publié une vidéo du Rabbi de Loubavitch
où l’on voit qu’il est certes possible de faire respecter les principes de
pudeur de la Torah avec une délicatesse exemplaire.
Il s’agit d’un moment où le Rabbi distribue du vin de la
Havdala à la sortie des fêtes… Le public y est joyeux, chante avec allégresse
et puis, près du micro, une petite fille qui se trouve près de son père se met
à fredonner avec lui et sa voix se fait alors entendre très clairement.
Imaginez cette scène avec des milliers de religieux,
contraints d’entendre une voix de femme (d’après la loi juive, la petite fille
est assez grande pour « rentrer » sous les lois de la pudeur
interdisant aux femmes de chanter devant des hommes). Quelle réaction aurait-il
fallu avoir ? Quitter les lieux ? Impossible, car le Rabbi était
présent... La faire taire ? Certainement le plus évident, mais
comment ?
La réaction du Rabbi ne s’est pas faite attendre et dans un
élan d’attention et de délicatesse, il fit signe à la petite fille de taper des
mains. Mais mesurant le risque d’une déception de se voir privée de chanter
tandis que toute l’assemblée le faisait, le Rabbi ne se contenta pas de cela,
dans un geste fort et un élan rythmique avec ses mains, il exhorta tout le
public à frapper des mains et suivre cette petite fille, qui devint tout à coup
le chef d’orchestre des milliers de ‘Hassidim.
Le sentiment de fierté qui envahit cette fille la marqua
certainement à vie et le respect de la loi le voilà préservé !
Sommes nous capable d’allier cette délicatesse à nos
actes ? De tenir compte de l’humanité et de la sensibilité d’autrui qui
est un principe de base de la Torah, au moins autant important que les valeurs
que nous voulons défendre.
Parce que la Torah n’a été donnée que pour harmoniser la
société, s’en servir pour la diviser c’est lui faire perdre son âme. Gardons
l’espoir d’un sursaut de sagesse !
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