Chronique du mardi 26 mai 2009
Tout le monde le sait, lorsque la petite balle jaune se fait star sur le circuit de Roland Garros à la porte d’Auteuil, c’est le parfum de l’été qui commence à nous chatouiller et les températures commencent à grimper.
Je me souviens avoir un jour partagé une réflexion avec Monsieur Nelson Monfort, le célèbre commentateur sportif. L’idée tournait autour de la spécificité du tennis et de l’engouement d’un public de plus en plus large, assis dans les tribunes latérales et prêt à tous les torticolis pour suivre les échanges Nadal-Federer. (Je ne cite volontairement pas de joueurs français, parce qu’il n’arrivent pas en finale.)
Une partie de tennis ne se joue pas en un temps donné mais en nombre de jeux, en 2 ou 3 sets gagnants selon les tournois. A la différence d’autres sports comme le football ou le rugby dont les matches se déroulent en 90 ou 80 minutes, une partie de tennis peut durer plusieurs heures jusqu’au dernier rebond de la balle de matche, par laquelle le gagnant et le perdant seront alors désignés.
Mais avant ce rebond final, tous les espoirs sont permis. On a déjà vu des joueurs perdre les deux premiers sets et être menés 5-0 dans la troisième manche, et pourtant, ils ont été capables d’inverser l’issue quasi inéluctable du matche.
Et si la vie ressemblait à une partie de tennis ? Chacun tente de jouer sa partie, chacun donne du sien pour mener à bien sa vie. Parfois le jeu est du fond de cours, l’attitude est plus défensive, mais elle peut être aussi beaucoup plus agressive, avec des montées au filet et même des smashes.
On gagne, on perd. On remporte un jeu, on en perd un autre. Il peut même nous arriver d’en perdre plusieurs à la suite, de se faire breaker et de ne pas trouver de solution aux problèmes que l’adversité nous pose. Mais tant que la balle jaune est en l’air, tous les espoirs sont permis.
Cette balle jaune pourrait être comparée à l’âme : chacun est animé d’une âme capable de produire différents effets. La sensibilité que nous allons lui accorder est le reflet de notre habilité à la manipuler. «Lifté», «chopé» ou «slicé», son effet est capable de modifier sa trajectoire initiale, avant et après le rebond.
Ainsi va notre âme, baladée d’un côté à l’autre de nos deux penchants… Lequel d’entre eux lui donnera le coup le plus fort, lui imprimera le rythme le plus soutenu dans l’espoir de lui infliger un redoutable effet? Il faut aborder l’adversaire la peur au ventre, vacillant d’hésitation entre attaquer fort ou monter au filet pour la jouer en finesse, ou bien infliger un passing fatal.
Mais encore une fois, le matche est entre vos mains : il n’y a pas de temps règlementaire ou d’arrêt de jeu ; tant que vous êtes là, vous avez la possibilité de renverser la situation pour aller tout droit vers la victoire.
Auriez-vous peut-être besoin d’aide ? Certainement, mais le Midrash ne nous a-t-il pas déjà enseigné que « sans l’aide du Créateur le bon penchant ne pourrait rien seul ». Cette affirmation sonne pour chacun comme une lueur d’espoir dans cette lutte acharnée, digne d’un grand chelem ! Nous avons la promesse que nous ne sommes pas seul et qu’à chaque fois que ce sera nécessaire, nous aurons une aide du Ciel pour vaincre l’adversité.
A trois jours de la fête de Chavouot, les montées au filet sur terre battue ne présagent-elles pas de l’ascension vers le Mont Sinaï ? Un peu de rebond quoi… Jeu, set et matche!