L’épisode de la
tour de Babel est sans doute l’un des plus énigmatiques des récits bibliques :
la Torah n’est pas très prolifique sur les motivations de cette génération à vouloir
construire une tour qui toucherait le ciel, et n’en dit pas tellement plus sur
les conséquences de son éclatement dans différents pays et langues.
Une relecture plus
minutieuse des passages afférents peut nous être utile. « Toute la terre avait une même langue et des
paroles semblables » (Gn 11, 1). Puis le verset 4 énonce : « Ils dirent: "Allons, bâtissons-nous une
ville, et une tour dont le sommet atteigne le ciel; faisons-nous un nom, pour
ne pas nous disperser sur toute la face de la terre. »
Il apparaît que ces
hommes utilisaient tous une langue commune, partageaient les mêmes méthodes de
communication et n’aspiraient finalement qu’à laisser une trace de leur passage
sur cette terre comme pour s’écrier : « Faisons-nous un nom ! ». Construire un édifice visible de
loin avec pour voisine l’humanité entière, un genre de « tour
facebook », c’était l’assurance d’une célébrité durable auprès de la
population planétaire.
Cette notion de
célébrité reposant sur le partage de modes de communication est une pratique bien
connue de notre société moderne… Les réseaux sociaux et les liens éphémères se
tissant au fil de la toile ne résultent en fait rien qu’en la réalisation d’une
tour n’assurant pourtant à ses bâtisseurs qu’une célébrité temporaire et
vulnérable.
Est-ce bien cette
valeur qu’il nous est donné de développer ?
Car si l’époque de
la tour de Babel succède à celle du déluge, notre génération se relève à peine
de l’une des plus grandes catastrophes que l’humanité n’ait jamais connues.
La dispersion des
hommes et des langues, est le signe de D.ieu que s’il y a un édifice grandiose à
ériger, ce n’est pas pour que l’homme atteigne le firmament mais bien pour la
gloire de D.ieu, car cette tour offre alors à l’homme le moyen de s’élever et d’assurer
sa véritable pérennité comme partenaire de cette construction.
Il ne s’agit pas de
supprimer et de dissoudre les liens avec les amis virtuels et les followers,
mais bien de prendre conscience de la nécessité de préserver le contact humain.
Les hommes de la
génération de la tour de Babel n’avaient certainement pas saisi ce message, tel
que le délivra le parachutiste autrichien émérite, Felix Baumgartner, avant de
sauter cette semaine de 38,9 Km d’altitude : « Quand on se tient là, au sommet du monde, on devient si
humble... Parfois, il faut monter très haut pour comprendre à quel point
on est petit! »