lundi 22 octobre 2012

La tour de Babel, les réseaux sociaux et Felix Baumgartner


L’épisode de la tour de Babel est sans doute l’un des plus énigmatiques des récits bibliques : la Torah n’est pas très prolifique sur les motivations de cette génération à vouloir construire une tour qui toucherait le ciel, et n’en dit pas tellement plus sur les conséquences de son éclatement dans différents pays et langues.

Une relecture plus minutieuse des passages afférents peut nous être utile. « Toute la terre avait une même langue et des paroles semblables » (Gn 11, 1). Puis le verset 4 énonce : « Ils dirent: "Allons, bâtissons-nous une ville, et une tour dont le sommet atteigne le ciel; faisons-nous un nom, pour ne pas nous disperser sur toute la face de la terre. »

Il apparaît que ces hommes utilisaient tous une langue commune, partageaient les mêmes méthodes de communication et n’aspiraient finalement qu’à laisser une trace de leur passage sur cette terre comme pour s’écrier : « Faisons-nous un nom ! ». Construire un édifice visible de loin avec pour voisine l’humanité entière, un genre de « tour facebook », c’était l’assurance d’une célébrité durable auprès de la population planétaire.

Cette notion de célébrité reposant sur le partage de modes de communication est une pratique bien connue de notre société moderne… Les réseaux sociaux et les liens éphémères se tissant au fil de la toile ne résultent en fait rien qu’en la réalisation d’une tour n’assurant pourtant à ses bâtisseurs qu’une célébrité temporaire et vulnérable.

Est-ce bien cette valeur qu’il nous est donné de développer ?
Car si l’époque de la tour de Babel succède à celle du déluge, notre génération se relève à peine de l’une des plus grandes catastrophes que l’humanité n’ait jamais connues.

La dispersion des hommes et des langues, est le signe de D.ieu que s’il y a un édifice grandiose à ériger, ce n’est pas pour que l’homme atteigne le firmament mais bien pour la gloire de D.ieu, car cette tour offre alors à l’homme le moyen de s’élever et d’assurer sa véritable pérennité comme partenaire de cette construction.

Il ne s’agit pas de supprimer et de dissoudre les liens avec les amis virtuels et les followers, mais bien de prendre conscience de la nécessité de préserver le contact humain.

Les hommes de la génération de la tour de Babel n’avaient certainement pas saisi ce message, tel que le délivra le parachutiste autrichien émérite, Felix Baumgartner, avant de sauter cette semaine de 38,9 Km d’altitude : « Quand on se tient là, au sommet du monde, on devient si humble... Parfois, il faut monter très haut pour comprendre à quel point on est petit! »