mardi 20 janvier 2009

Chez moi tout est dans le cœur !


Chronique de mardi 20 janvier 2009

Qui n’a jamais entendu un ami ou un proche dire « moi je suis juif dans le cœur, mettre les Tefilin ce n’est pas mon truc », ou alors « je préfère être honnête et juste que religieux et voleur » ? J’ai alors pour habitude de répondre du tac au tac : « attention le cœur est un organe fragile, mieux vaut répartir ses efforts sur tout le corps !»

Plus sérieusement, cette remarque a été traitée voilà deux siècles par un homme dont nous commémorons la disparition aujourd’hui. Nous sommes le 24 Tevet, et le même jour en 1812, le Rabbi Chnéour Zalman de Liadi - celui que tout le monde appelait «Alter Rebbe, le vieux Rebbe» - quittait ce monde.
Qu’a t-il fait pour résoudre ce problème cardiaque ? Il est l’auteur de deux ouvrages qui trônent aujourd’hui dans toute les bibliothèques juives dignes de ce nom : je parle du Choul’han Arou’h, le code civile et pénal juif dont la précision dépasse celle de tous les textes précédents, et du Tanya, chef-d’œuvre de la pensée juive et ‘hassidique.

En quoi consiste la révolution du Tanya ? Pourquoi a-t-il suscité tant d’opposition, particulièrement dans le monde religieux? Longtemps, le judaïsme été vécu comme un code de vie, associé à des pratiques uniquement mêlées à des réflexion d’ordre purement technique sur la raison de telle ou telle coutume.
Mais qu’en est-il du cœur ? Quelle est la place des sentiments et de l’enthousiasme dans tout ça ? Quel élan doit animer ma générosité ou ma prière ? Comment gérer l’adversité et les conflits intérieurs ? En d’autres termes, et la question est extrêmement banale : quelle place pour la dimension humaine, dans son sens le plus noble du terme, dans le judaïsme ?

Autant les questions sont passionnantes, autant l’opposition est virulente. Car pour certain – les opposants - selon le Talmud, l’homme doit se plier à une logique implacable, quitte à en supporter les contradictions et paradoxes dans sa vie quotidienne.

C’est à la résolution de cette équation que le «vieux Rebbe» consacra sa vie : donner la possibilité aux gens de vivre dans une harmonie profonde, jeter des ponts et des passerelles entre les qualités du cœur et de l’esprit toute en donnant une importance primordiale à l’action. Ne pas voir le monde qui nous entoure comme un obstacle à l’évolution spirituelle de l’homme, mais comme l’objet d’un passionnant défi, celui de lui révéler sa dimension la plus profonde.

Je pense que cette leçon n’a jamais été autant d’actualité. C’est pour cela qu’aujourd’hui je dis «merci» au vieux Rebbe… Bonne journée !

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