mardi 10 mars 2009

Pourim

Pourim

Bonjour.
Pourim cette année sera avec ou sans pastis, avec ou sans glaçon dans le whisky, avec ou sans copain, avec ou sans terrasse, avec ou sans ivresse, avec ou sans coca, avec ou sans folie, avec ou sans déguisement, avec ou sans pétards, avec ou sans confettis.
Mais Pourim sera toujours avec joie, avec l’écoute de la Méguila, avec les dons d’argent aux pauvres, avec la distribution des deux mets des Michloa’h Manot, avec le grand festin.
Parce que Pourim est authentique, garde sa recette depuis des siècles, transforme les austères en joyeux, les mélancoliques en enthousiastes et réhabilite les accablés, en les laissant savourer l’ivresse d’une victoire le temps d’une journée.

Mais que reste t-il de la dignité ? Chaque année je me pose une question que je n’imagine ne pas être le seul à poser : pourquoi ce jour là est-il celui de tout les excès ? Comment se fait-il que des personnes posées et respectables se retrouvent ce jour là dans un état souvent lamentable, loin de l’attitude digne que l’on serait en droit d’attendre d’elles ? Qui ne les a vues buvant un verre, un deuxième, et encore conscient un troisième et ainsi de suite jusqu’à ne plus savoir à quel verre s’en tenir…
Pourim serait-il, pour une classe se revendiquant dans la tradition, le jour où tout est permis ? Un jour de joie extrême avec tout ses travers ? Un moment de libération qui ne consisterait qu’à mettre en exergue ce que toute l’année certains se refuseraient à exprimer ? La joie permet-elle de faire tomber les règles de bonnes conduites ? De faire tomber les masques ?

Je sais bien j’ai l’air d’un rabat joie : pendant que tout le monde s’éclate et se poivre, moi je regarde et je me moque. Oh que non ! Je sais aussi ce qu’est faire la fête, et pour cause. Mais je ne me suis jamais fait un devoir de m’enivrer au point de me retrouver comme une loque sur le bord d’un trottoir. Vous allez me répondre que dans la loi il est dit « un homme doit se saouler le jour de Pourim jusqu’à ne plus reconnaître entre maudit soit Ahan et bénit soit Mordé’hai ». Voilà c’est écrit : il faut perdre la tête, perdre conscience, boire, et faire le dingue…

En ce qui me concerne, j’assume préférer une forme de festivité un peu différente de celle-là. Oui, il faut sortir de son état classique, oui il faut trouver le moyen de ne plus se sentir limité dans ses propres habitudes. Pourim est le moment d’une élévation comme le jour de Kippour. Comment y arriver ? La réponse n’est pas tant dans ce qu’il faut faire, mais dans la « façon » dont il faut le faire.

Le but de Pourim n’est pas de boire, n’est pas d’être dans un état second, n’est pas de faire le fou ou d’en profiter pour exprimer à la va-vite toutes les frustrations stocké durant une année.
Pourim est un jour sérieux, c’est un grand jour, et justement, parce que c’est un très grand jour que notre conscience dans son « état de fonctionnement » habituel n’est pas capable d’atteindre et d’apprécier. C’est pourquoi nos Sages ont suggéré qu’il fallait sortir de cette posture habituelle pour se permettre s’atteindre le plus haut. Pourim, c’est au-delà de la conscience.

Certains pensent qu’après la conscience il y a l’animal. Et ils se conduisent en adéquation. D’autres pensent qu’après la conscience il y a l’ange et ils se conduisent en conséquence, également.
A chacun de choisir à quel monde il souhaite appartenir. Le choix que vous ferrez pour Pourim ne sera pas innocent. Il sera avant tout le reflet d’une année passée et éclairera l’année à venir. Vous pensez que je vous propose un Pourim « light » ? Non, je vous en propose un vrai, qui vous propulsera pour le reste de l’année, parce que je n’ai pas envie qu’il soit l’expression d’un zéro.
Avec ou sans Coca ?

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