jeudi 17 février 2011

Des tables arrondies et une tête carrée ? Ou le contraire !


Que ce soit en raison des peintures de Michel Ange ou bien du fronton de plusieurs célèbres synagogues d’Europe, nous avons tous en tête l’image des Tables de la Loi avec les angles arrondis en haut. Cette représentation imprime inconsciemment les esprits des enfants depuis leur plus jeune âge, qui gardent en mémoire cette forme arrondie pour symboliser les Tables du fondement de la Loi.
Il est difficile de dater précisément l’apparition de cette représentation, les chercheurs sont pourtant unanimes pour affirmer que cet aspect arrondi constitue une erreur et n’est finalement qu’une déformation suite à la censure chrétienne.

Une description explicite dans le Talmud (Baba Batra 14a) démontre que les Tables de la Loi avaient des bords carrés !
Par ailleurs, une édition du fameux livre de Kabbale « le Chla », datant de 1698, présente l’image de ces Tables avec deux blocs carrés, comme étant une reproduction identique de la forme originale.

De nombreuses synagogues ont corrigé cette anomalie, cependant l’adoption par l’esprit populaire de l’arrondi fait encore parfois blocage. Et après tout, quelle différence ? Que les coins soient ronds ou carrés, l’essentiel n’est-il pas ce qui est écrit dessus ? La forme des Tables serait-elle aussi importante que l’inscription y figurant ?

En réalité, il s’agit ici de rétablir une vérité qui dépasse l’esthétisme du symbole, car si l’on dépeint des Tables de la Loi arrondies, on transmet par là un message fourvoyé. Lorsque les lois s’accommodent au gré du temps et des réformes, par simple esthétisme intellectuel, c’est le signe que le temps est venu pour cette religion archaïque d’arrondir ses angles afin d’être un peu plus en phase avec son environnement et une société en constante mutation, dévorée par le progrès.

Être « carré », c’est consentir à l’aspect immuable de la transmission Divine, résistante aux temps et aux changements. Non pas qu’il nous faille entretenir un archaïsme, bien au contraire, c’est parce que nous avons la conviction profonde que le véritable progrès ne peut s’opérer que dans le cadre bien « carré » des textes de la Torah.

Bien souvent nous condamnons les différents gouvernements quand ils font leurs choix en fonction des baromètres de satisfaction, des sondages, des audiences de télévision ou encore des faits divers. Nous exprimons ainsi le refus de nous voir balader sans cesse par des réformes successives sans effet, et des ruptures avec le passé sans garantie que le futur sera meilleur. En fait, nous savons en notre for intérieur qu’arrondir les angles, c’est l’expression d’une faiblesse et une marque d’incertitude.

À l’inverse, notre Tradition a choisi de construire le futur avec les solides repères du passé, et c’est à cette condition que le génie humain peut s’exprimer pleinement pour adapter le progrès et la modernité au cadre moral et spirituel défini par la loi.
Parce que la Tradition a toujours pensé qu’il était préférable d’avoir des Tables carrées et immuables associées à une tête ronde et adaptable, plutôt que l’inverse !