mercredi 7 mars 2012

Le casher et l’argent !

Suite au post expliquant lesdangers de l’étiquetage de la viande casher, j’ai reçu bon nombre de messages rouspétant que ce n’est pas à la filière classique de payer pour les convictions des juifs.
Je partage également cet avis, sauf que la réalité n’est pas ainsi. En voici l’explication :

La loi juive proscrit la consommation du nerf sciatique ; traditionnellement les communautés juives d’Europe ont pris l’habitude depuis plusieurs siècles de ne pas manger les parties basses de la bête. Chacun le sait, les meilleurs morceaux se trouvent à l’arrière et non pas à l’avant. Par conséquent, quand une bête est abattue dans la norme casher, les parties hautes se retrouvent sur l’étalage d’une boucherie casher et que fait-on des parties basses ?

La règle économique de l’offre et de la demande s’applique ici comme ailleurs, l’acheteur profite du fait que les juifs ne peuvent rien faire de cette partie pour négocier au plus bas le prix de la viande. Qui est gagnant au final ? L’acheteur de la filière classique qui aura pour un moindre coût les bonnes parties de viande.

Certes, la communauté juive gagne également, car si elle devait jeter aux poubelles cette quantité de viande, le coût financier serait insupportable. Pour autant, la filière classique est-elle la poubelle du casher ? Au contraire, elle profite à plein de ce système, elle achète les meilleurs morceaux au meilleur prix !

D’ailleurs les grands distributeurs de viande sont opposés à l’étiquetage pour cette même raison.

Quant à savoir si le consommateur a le droit de savoir ce qu’il a dans son assiette, je le dis honnêtement : oui ! C’est un droit et vous devez savoir ce que vous mangez ! Sauf que, malheureusement, pour vraiment savoir ce que vous avez dans votre assiette, il ne suffit pas de vous raconter les 3 dernières minutes de vie de l’animal. Ceci est extrêmement stigmatisant, en voici les raisons :

1.     Saviez-vous que dans 17% des cas, l’étourdissement est raté et il faut s’y prendre à deux ou trois fois pour que la bête perde connaissance, je vous épargne la description des souffrances inouïes... Mais ça Brigitte Bardot ne vous le dit pas, demandez-lui pourquoi ?
2.     Avez-vous connaissance de la santé de l’animal avant qu’il ait été tué ? Lorsque vous mangez casher, vous avez la garantie que la bête était en bonne santé, car sinon la loi juive interdit absolument de la tuer.
3.     Dans quel état était le cœur de la bête, son cerveau, ses poumons ou sa rate ? Vous ne le savez pas… Et pourquoi est-ce que cela ne vous concernerait pas ? Pourtant, l’influence sur votre santé est bien plus grande que la question de l’abattage. J’ajoute que la filière casher n’a pas connu les problèmes de la vache folle, pour les raisons invoquées.
4.     Connaissez-vous l’influence et les risques liés à la consommation de sang animal en grande quantité sur votre santé à long terme ? Or un (voire plusieurs) étourdissement crispe les muscles et ne permet pas de vider le sang de la bête. C’est également l’une des raisons pour laquelle l’étourdissement est interdit dans le Judaïsme, car nous n’avons pas le droit de consommer le sang.

Brigitte Bardot est-elle l’amie qui vous veut du mal ?

Voilà des questions de santé publique importantes et qui vous concernent directement, mais vous préférez focaliser votre attention sur la seule chose qui n’a aucun impact sur vous, mais sur une supposée souffrance de l’animal qui fait débat scientifiquement.

Quant à la question du financement du culte par l’abattage rituel, c’est un mensonge grossier, car la taxe casher est payée par le client juif en bout de chaîne de distribution, c’est à dire dans la boucherie casher exclusivement, le reste n’est que fantasme et manipulation.

Cessez de vous faire manipuler par des gens qui ne réfléchissent qu’à travers la stigmatisation de l’autre et la peur de la différence.
Le vivre ensemble en est l’enjeu !

dimanche 4 mars 2012

L’abattage rituel en danger ? Sarkozy dans les pas de Marine Le Pen ?


Il semble être des périodes où rien ne va dans le bon sens. Marine Le Pen a ouvert la voie en s’attaquant à l’abattage rituel il y a trois semaines ; nous sommes en campagne électorale et il faut bien faire un peu de populisme…

Mais hier, le coup est tombé d’une source qui a surpris la plupart des observateurs de la vie politique, et prenons les paris que cela a même confondu les membres de sa propre famille politique : il s’agit du Président candidat Nicolas Sarkozy. Ce dernier a annoncé hier lors d’un meeting à Bordeaux qu’il souhaitait mettre en place « l’étiquetage de la viande en fonction de la méthode d’abattage ».

Sans vouloir analyser ce revirement d’un point de vue politique, il est important de comprendre l’impact d’une telle mesure sur les consommateurs de viande Casher.

En quoi consiste cet étiquetage ? Il s’agit de préciser sur l’emballage de la viande que les clients achètent dans un circuit classique (boucherie, supermarché, etc.) si l’abattage de la bête a été fait avec un étourdissement préalable ou non. Comme chacun le sait, l’abattage Casher est exécuté sans étourdissement.

Sans rentrer dans le débat scientifique, d’après la loi juive, ce type d’abattage protège au mieux l’animal, diminue sa souffrance et la viande est plus saine pour le consommateur. Néanmoins, nous savons que la tendance actuelle ne va pas dans cette direction et Brigitte Bardot n’y est pas pour rien dans la campagne de diabolisation de l’abattage rituel. (lire aussi cet article sur Brigitte Bardot et sa fondation)

La conséquence en terme pratique d’une telle mesure sera l’augmentation considérable du prix de la viande et donc sa mise en danger. Pourquoi ?
Car aujourd’hui, pour produire un kilo de viande Casher en bout de chaine, il faut tuer rituellement au moins le double de bêtes. Une grande partie de l’animal n’étant pas apte à être consommée dans le circuit Casher pour des raisons religieuses (presque tout l’arrière de la bête), ces kilos sont donc revendus dans le réseau classique de la grande distribution, au prix du marché, voire un peu moins.

Quel serait le prix d’un kilo de viande Casher d’une bête dont on n’aura pas vendu à des non-juifs les parties impropres religieusement ? Le double… Certainement !

Imaginez donc l’étiquetage obligatoire : combien de consommateurs seraient prêts à acheter de la viande tuée selon la méthode Casher ? Pas beaucoup ! Mécaniquement, les prix du Casher risqueraient de s’envoler.
Voilà pourquoi cette mesure est très grave financièrement pour la communauté juive.
(Pour comprendre la question financière de la chose, lisez ce post)

Que peut-on faire ? Voilà la question que nous devons nous poser.
Il semble que le vent ne va pas changer de direction, car même si le Président revient sur cette question la semaine prochaine, la pression des lobbys en France et en Europe va imposer tôt ou tard un étiquetage sur l’abattage rituel. Ce n’est qu’une question de temps !

Jusqu’à présent, les communautés juives de France et d’Europe ont eu une position défensive, en soutenant que la méthode de la Che’hita était un procédé traditionnel et qu’elle n’était pas « moins bien » que l’abattage précédé d’un étourdissement. Mais de cette façon, nous ne faisons que repousser temporairement les attaques contre nous.

Il est temps de changer stratégiquement et de passer à l’offensive !
Il faut créer un comité national et européen ad hoc composé de professionnels et d’experts en marketing, en communication, en habitudes de consommation, des vétérinaires, des agriculteurs, des politiques, des philosophes, etc. L’objectif de cette commission serait de démontrer que les techniques employées pour l’abattage selon les règles du judaïsme sont bien meilleures du point de vue de la souffrance animale, de la morale, de la santé, et encore à bien d’autres niveaux, que l’abattage avec étourdissement préalable.

À terme, nous devrions créer un label de qualité Casher pour la viande vendue dans les supermarchés et autres boucheries classiques, afin que cette méthode soit valorisée et recherchée par le consommateur, car elle est la garantie du plus grand respect de l’animal.

En parallèle, je propose que l’offensive se poursuive également sur le terrain juridique, car il y a à ce jour des pays en Europe où l’abattage rituel est interdit. Il faut savoir que l’abattage rituel est un droit garanti par la Convention européenne des droits de l’homme dans son article 9. Cette offensive doit être menée à la Cour européenne des droits de l’homme et la probable condamnation de ces pays sera le meilleur moyen de démontrer le bien-fondé juridique de pouvoir pratiquer librement notre religion.

Nous n’avons pas à rougir de nos valeurs, de nos convictions et de la façon dont le judaïsme a toujours protégé les animaux. Il nous faut expliquer avec pédagogie la légitimité de nos rites et ainsi les valoriser auprès de nos coreligionnaires et du reste du monde.

Soyons fiers de ce que nous sommes, c’est aussi comme cela que Morde’haï a sauvé le peuple juif contre les attaques d’Haman !