mercredi 2 décembre 2009

Comment embrasser l’adversité ?


Après des années de haine, la rencontre entre les deux frères va avoir lieu. Yaakov qui a prospéré toute en restant fidèle à ses valeurs et à son éthique va se confronter à son frère Essav qui cherche à le tuer depuis vingt ans. Accompagné de 400 hommes Essav ne compte en faire qu’une bouchée de son frère, l’éliminer n’est pour lui qu’une histoire d’heure.

Mais Yaakov se prépare à cette confrontation, par la prière, par la guerre et également par la diplomatie en offrant à son frère ce qui se fait de mieux en matière de luxe.

Les minutes rapprochent les deux camps, mais alors que tout le monde s’attend à l’éclatement des hostilités voilà que Essav et Yaakov tombent dans les bras l’un de l’autre et s’embrassent.

La question est posée : Essav qui était là pour anéantir son frère, était-il sincère ?
A cela, l’un des plus grands sages de l’époque Talmudique, Rabbi Chimon Bar Yo’hay, explique qu’il ne faut pas se leurrer, car la haine d’Essav est un principe et un postulat irréfutable, mais temporairement Yaakov a réussi à attendrir le cœur de son frère et cette embrassade fut sincère.

Derrière cet épisode se cache en réalité toute la question de la façon dont nous devons aborder la dualité et l’opposition à ce qui est considéré comme valeureux et positif. Cette dualité peut même se rapprocher de l’homme pour devenir une duplicité intérieure, parce que l’être est capable de se perdre et de se dissimuler derrière un caractère comportemental qui diffère de ses convictions profondes.

Comment doit-on aborder cette discordance intérieure ? Cette dualité des forces ? Cette hostilité ?

Intervient alors Rachbi pour nous confirmer que cela n’est pas une illusion, la question de l’opposition et du conflit des valeurs, est bien un principe de vie. Pour autant avons nous le droit de mépriser le combat ? La rébellion a-t-elle le droit uniquement à notre indifférence ?

La réponse est non ! Vient le moment où la possibilité nous est donnée de l’embrasser, non pas dans le but d’adhérer à ses principes de vie mais bien dans celui d’éveiller en l’adversité sa parcelle d’humanité et de sincérité. Notre travail et nos efforts de sensibilisation, nous donnent l’espoir de faire surgir en toute force contraire l’attendrissement de son cœur qui l’éloignera de la brutalité de ses mœurs.

Certes cela n’est que temporaire, la sincérité n’y est pas vraiment et la pérennité non plus, mais ne perdons pas l’objectif de vue « la rencontre des deux forces », et il s’agit là de savoir tirer partie d’une situation qui s’annonçait conflictuelle et violente pour en fin de compte faire apparaître l’humanité indéniable mais parfois ô combien étouffée dans l’étranglement de l’âme.

Gardons espoir au rebond de conscience, c’est certainement là que s’exprime au mieux la délicatesse de l’âme.