jeudi 12 février 2009

Deux tables de la loi


Chronique de jeudi 12 février 2009

Cette semaine nous lirons dans la Torah les dix commandements, donnés sur les deux fameuses tables de la loi. Savez-vous d’ailleurs pourquoi nous avons reçu deux tables ? En effet D.ieu aurait très bien pu les écrire sur une seule… L’histoire très sérieuse raconte que quand D.ieu demanda au peuple juif s’il acceptait de recevoir la Torah, le peuple lui en demanda le prix. D.ieu répondit « c’est gratuit ». « Dans ce cas, donne-nous en deux ! », ont alors répondu les juifs.

Que cache cette plaisanterie ?
La lecture horizontale des tables nous permet une juxtaposition des commandements intrigante, qui a pour résultat de mettre sur la même ligne et de lier le premier commandement « Je Suis l’éternel ton D.ieu qui t’a fait sortir d’Egypte » avec le 6ème commandement « tu ne tueras point ».
Ce qui se cache dans ce message n’est donc rien d’autre que le secret des civilisations futures. Et toute tentative à travers l’histoire de séparer ces deux commandements, de les rendre indépendants, projette nos sociétés vers une défaite morale et le chaos.

Les penseurs et philosophe qui ont défendu que la religion n’était pas nécessaire pour assurer un comportement moral et offrir à l’homme les voies de la liberté ont délibérément ignoré l’éternel en désarticulant le « tu ne tueras point » du « Je suis l’éternel ton D.ieu ».
Alors sont venues les tristes heures de l’holocauste, qui ont mis fin à l’espoir d’un progrès humain basé sur la raison humaine. A Auschwitz, le sentiment d’empathie de l’homme moderne était ruiné pour toujours : les SS pouvaient passer une journée dans le camps de concentration gazant 12.000 êtres humains et rentrer le soir à la maison, sereins, nourrir leur chien et rire avec leur femme autour d’une belle bouteille de vin millésimée, en écoutant du Mozart ou du Wagner. Quel cynisme ! L’horreur absolue.

Elie Wiesel raconte qu’il a fait part au Rabbi de Loubavitch de sa révolte en lui posant la question suivante : « Mais où était D.ieu durant la Shoah ? Pouvait t-il ignorer six millions de ses enfants, morts dans la plus grande cruauté ?» Le Rabbi - qui a perdu une partie de sa famille durant la guerre - le regarda alors avec ses yeux bleu perçants, et pleins de larme, et lui dit : « Et en qui voudrais-tu que j’ai foi ? En l’homme ? »
Quand l’homme prétend défendre des valeurs exclusivement humaines, alors il se rend capable d’être moins qu’un humain.

L’histoire ne s’arrête pas là. De nos jours, certains abandonnent le commandement « tu ne tueras point » pour garder exclusivement le premier, et au nom d’Allah ou de tout autre dieu, se permettent de tuer ceux qu’ils qualifient d’infidèles. L’exemple même de la perversion de la foi. La distinction n’existe plus entre un homme d’affaire New Yorkais, un enfant mangeant une pizza à Jérusalem, des touristes à Bali ou un couple ‘Habad à Bombay. Détaché du « tu ne tueras point », le pouvoir du premier commandement prend d’un coup le visage du fondamentalisme religieux : capable de tuer le jour pour D.ieu et de dormir le soir sans conscience.

Quand D.ieu donna la Torah, il voulut jeter les bases d’une société dont les fondations seraient le respect de l’être humain et de la paix. Il associa alors la foi en Lui à l’interdiction d’ôter la vie humaine. Car la valeur inviolable de la vie est le plus grand témoignage de la croyance en D.ieu en respectant l’homme créé à Son image, et cette valeur doit être gravée dans les tables de la loi en juxtaposant les deux commandements.

Voilà pourquoi nous avons deux tables, et c’est vrai que cette valeur n’a pas de prix !