vendredi 24 mai 2013

La réussite en deux clés


Qui a fabriqué la Ménora ? Moïse, Betsalel, D.ieu ou peut-être… personne?

La question n’est pas banale puisque même Rachi semble partagé dans son premier commentaire sur le verset (Nombres 8. 4.) : « Quant à la confection du candélabre, il était tout d'une pièce, en or; jusqu'à sa base, jusqu'à ses fleurs, c'était une seule pièce. D'après la forme que l'Éternel avait indiquée à Moïse, ainsi avait-on fabriqué le candélabre. »

Même si à priori le verset dit implicitement que c’est Moïse qui a fait le candélabre, le flou semble planer et Rachi reste énigmatique: « Ainsi il fit le candélabre : celui qui l’a fait ». A ce stade, non seulement Rachi ne répond pas à cette interrogation, mais il paraît même la renforcer !

Puis Rachi amène une seconde explication : « Et selon le Midrach Aggada : c’est par le Saint-Béni-soit-Il que le candélabre a été fait de lui-même ».

Comment comprendre un tel paradoxe ?  Si c’est D.ieu qui a construit le candélabre alors il ne s’est pas fait de lui-même ! Et si le candélabre s’est fait de lui-même, dans ce cas il aurait fallu dire qu’il a été le produit d’un miracle, sans rajouter que c’est D.ieu qui l’a fait…

Le Maharal explique que l’œuvre de la Ménora est tout à fait particulière car elle est le symbole de toutes ces choses difficiles pour l’homme, qui exigent du courage, beaucoup d’efforts, d’implication et de talent. Devant l’ampleur de l’ouvrage, il est aisé de se décourager et d’être en proie à de grands doutes… Comment la simple initiative d’un individu peut-elle connaître un couronnement glorieux ? Qui peut se prévaloir que le succès sera à la mesure du travail investi ?

Et le Maharal de poursuivre : « Moïse devait connaître le mode de fabrication de l’œuvre de la Ménora, il devait s’investir autant qu’il pouvait et D.ieu allait terminer le travail pour lui ».
C’est donc cette idée que souhaite transmettre Rachi grâce à la splendeur de la Ménora. Il nous livre les clés pour réussir une mission ardue :

La première qualité est de mettre du cœur à l’ouvrage, sans se mettre en avant. Comme Rachi l’a mentionné : « celui qui l’a fait », il faut ignorer le nom du maître d’œuvre. Non pas pour lui faire de l’ombre ou l’effacer, mais bien au contraire, dans l’objectif de pouvoir atteindre une dimension encore plus haute, résultant de son association avec D.ieu. Les fruits de cette coopération dépasseront de loin les efforts investis par l’homme. C’est pour cela que Rachi dit que le candélabre a été fait par D.ieu.

En fait, même l’artisan de ce succès – qui surpasse ses attentes et va bien au-delà de toutes ses forces – pourra alors constater que « ça s’est fait tout seul » !

La Michna dans les Pirké Avot (Ch. 2, Mich. 16) abonde en ce sens : « Tu n’es pas tenu de terminer le travail, mais tu n’es pas libre de t’en dispenser ».
Prenez des initiatives, ayez le courage d’agir et D.ieu fera briller la lumière de vos efforts !

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