"L"homme libre est celui qui n'a pas peur d'aller jusqu'au bout de sa pensée." Léon Blum
jeudi 15 janvier 2009
Dividendes
Chronique de jeudi 15 janvier 2009
Peut-on distribuer des dividendes à ses actionnaires quand on a perçu de l'argent public ?
Voici la question éthique que les banques et certaines entreprises se posent en ce moment.
Quand des entreprises reçoivent de l’argent public pour renflouer leurs fonds propres - sans quoi certaines se seraient retrouvées en grande difficulté, voire dans l’obligation de mettre la clé sous la porte - est-il moralement correcte et acceptable de rémunérer leurs actionnaires ?
En lisant cette question dans le Monde daté de ce matin, je suis resté perplexe. Quelle serait la position, l’éthique rabbinique à ce sujet ?
J’ai alors pensé à la fameuse blague de Moïse et David qui se rendent un lundi matin chez le Rabbin de la ville pour lui poser une question urgente. « Monsieur le Rabbin, demande David, c’est important. Dites-moi, le noir c’est une couleur ou non ? » « Excellente question, donne moi deux minute ». Liant le geste à la parole, le rabbin va chercher dans sa bibliothèque un gros volume du talmud et après consultation, affirme que le noir est bien une couleur. « Ha oui ? Merci Monsieur le Rabbin, mais dites-moi, le blanc aussi, vous pensez que c’est une couleur ? » Studieux et patient le rabbin admet que la question est vraiment pertinente. Et après un nouveau coup d’oeil au talmud, annonce à David que le blanc également est une couleur.
Là, David se tourne vers son ami : « tu voit bien Moïse, le Rabbin aussi est d’accord avec moi : la télé que je t’ai vendue hier est une télé couleurs !»
Certes, les places boursières en fin d’année 2008 on broyé beaucoup de noir mais la question qui se pose est justement de savoir s’il est logique de rémunérer une action dont la valeur est en noir et blanc pour le prix de la couleur.
On pense au passage que ceux qui vont continuer à voir la vie en noir, ce sont les salariés, qui, au mieux vont garder leur emploi sans recevoir aucun dividende pour les efforts supplémentaires qu’ils vont devoir consentir cette année pour garder le même rendement. Ou pire, devoir repasser par la case départ du tout nouveau pôle emploi.
Mais c’est également vrai que le blanc et le noir sont formellement des couleurs, et que l’ont pourrait donc payer ces fameux dividendes.
Après tout des bénéfices ont bien été enregistrés. Mais éthiquement parlant ? Peut être faudrait-il attendre que tout le monde puisse profiter de la couleur de cet argent, et en premier lieu les salariés, avant de rémunérer les actionnaires. Ou encore attendre encore que les actions retrouvent un peu de couleur...
Houlala, je sens qu’aujourd’hui je vais en voir de toutes les couleurs. Bonne journée.
mardi 13 janvier 2009
Don't worry, be happy!
Ce n’est pas Marc-Alain Ouaknin qui aurait déposé un recours contre le slogan publicitaire qui fait scandale actuellement en Grande Bretagne : « there’s probably no G.od, Now stop worring and enjoy your life », « Il n’y a probablement pas de D.ieu. Alors arrêtez de vous inquiéter et profitez de la vie ».
Remarquez, moi non plus je n’aurais pas intenté d’action contre ces affiches, mais peut-être, voire sûrement pas pour les mêmes raisons, mais qu’importe…
Cette campagne d’affichage est partie d’une souscription à l’initiative d’une jeune journaliste de 28 ans nommée Ariane Sherine. Elle raconte dans le Figaro d’hier qu’elle est destinée à rassurer les non-croyants.
Donc, essayons de bien comprendre : un non-croyant angoissé pense « peut-être que je me trompe totalement et que D.ieu existe bel et bien… dans ce cas, je risque l’enfer ou alors si c’est D.ieu qui dirige le monde, Il m’a peut-être réservé un sort vraiment quelconque, je vais donc rester sans emploi et mes actions à la city ne vont jamais remonter ».
C’est alors qu’arrive cette super pub sur les bus ! « Hey my friend, ne t’inquiète pas, D.ieu n’existe pas, vas-y, fais la fête, tu n’es que le fruit du hasard et ta vie n’a aucun but, tu n’es là que pour consommer et t’amuser ».
Mais attendez, si j’avais une angoisse c’est que quelque part j’y croyais, car si je n’y croyais pas du tout, pourquoi aurais-je eu à la base un soupçon d’inquiétude ? Dans ce cas, le slogan aurait dû me dire que D.ieu n’existe pas. Pourtant, il avance plutôt que «probablement - donc sans aucune certitude - D.ieu n’existe pas ».
Et si moi, avec ma chance de gagnant au loto, le 1% de probabilité que D.ieu existe, tombait sur ma tête ?
Quel stress… que de doutes… quelle angoisse, cette pub ! En une seconde, elle remet en cause toutes mes certitudes d’athée.
Vite, un Rabbin pour m’aider !
Et comme le Figaro fait bien les choses, quelques pages plus loin figure une interview du nouveau Grand Rabbin de France, Gilles Bernheim. C’est ainsi qu’il y explique posément – de façon concise – que la dignité, la sérénité de l’homme et son bien-être passent par sa croyance en D.ieu et par l’application de certaines lois, comme celles du Chabbath qui ont pour but de remettre l’homme au centre de la société, histoire de le détacher un peu du tourbillon de la consommation. Merci pour les soldes !
Mais le journaliste n’a pas osé le questionner pour savoir quel slogan il aurait affiché sur les bus français…
Comme il n’a pas eu cette opportunité, alors permettez-moi de vous donner ma réponse en exclusivité…
« Il y a un D.ieu. Alors arrêtez de vous inquiéter et profitez du chemin de la vie. En effet, dans la Tradition, la Torah est appelée Torat Haïm, la vie ».
Auditeurs, auditrices, vous qui m’écoutez derrière votre poste de radio, quand je vais vous souhaiter une bonne journée… vous répondrez… Amen !